C’est l’occasion d'échanger, de partager sur ce sujet qui nous concerne tous, que nous l’ayons subi, observé, utilisé, pour faire évoluer notre regard sur les enfants et sur l'éducation.

Pour commencer, les VEO, qu’est-ce que c’est ?
L’acronyme « VEO » signifie Violence (physique, psychologique ou verbale) utilisée envers les enfants dans une intention Éducative (pour leur « bien », pour qu’ils aient un « bon comportement »), culturellement admise et tolérée, dans tous les lieux et tous les milieux ; elle en devient alors « Ordinaire ».
La notion de Violence fait référence à la notion d’obéissance par la peur et ou la force.
Dans l’inventaire des VEO, on trouve les punitions physiques ( toutes formes d’atteintes à l’intégrité du corps), les violences psychologiques (tels que humiliations verbales, moqueries, menaces, indifférence, mépris, dévalorisation, comparaisons dégradantes), un contrôle excessif pouvant aller jusqu’à la privation d’autonomie, une pression sur le résultat pouvant se solder par des sanctions si le résultat attendu plus ou moins réaliste n’est pas atteint. Les discriminations qui pointent les différences, entre autres, sur les origines ethniques, les religions, les orientations sexuelles, les handicaps …
Comment parler des VEO sans culpabiliser?
Parler de VEO c’est passer un message aux adultes en comprenant qu’une partie de ces adultes se sentent accusés ou coupables.
Or la culpabilité, c’est justement la conséquence d’une société fondée sur la culture du bien et du mal, du bon ou du mauvais, et de la punition pour faire adopter le “bon comportement”. L’adulte est donc lui aussi victime d’un système qu’il continue de nourrir .
Les injonctions de la société mettent énormément de pression sur les adultes qui culpabilisent souvent de ne pas être parfait, mais qui peut se vanter de l’être ? Il ne s’agit pas d’être impeccable, mais plutôt d’assumer ses imperfections, ses limites en endossant ses responsabilités d’adulte vers l’enfant. Comment ? En reconnaissant nos erreurs, en les réparant, en lui montrant l’exemple, en partageant nos forces, nos valeurs et aussi notre vulnérabilité avec franchise et courage.
En faisant équipe avec son enfant, on stimule chez lui sa capacité naturelle d’empathie, on lui permet d’être acteur dans la relation.

Ecouter les besoins de chacun
Un enfant a le droit d’être fatigué, d’avoir des besoins, d’avoir envie d’être écouté et respecté, de ne pas être tapé ou humilié.
Un adulte a le droit d’être fatigué, d’avoir des besoins, d’avoir envie d’être écouté et respecté, de se sentir démuni et sans solution.
Exprimer et reconnaitre nos besoins, ce n’est déjà pas une évidence pour tous les adultes, alors pour les enfants, c’est encore plus difficile et ce sont souvent les émotions qui s’expriment à la place des mots.
Ecouter les enfants pour les aider à exprimer leurs besoins, et commencer à y répondre permet de sortir bien souvent de situations bloquées.
En tentant de résoudre les conflits par la force, nous ne faisons que renforcer le schéma que nous déplorons. Le résultat fonctionne probablement à court terme mais quel bénéfice à long terme ? Si nous ne faisons pas face à nos responsabilités vis à vis de nos enfants, comment donner du sens à nos messages ? Comment attendre de nos enfants qu’ils deviennent des adultes, à leur tour, responsables et capables de faire face à leurs difficultés de manière autonome ?
En tenant compte du poids de notre passé, souvenons-nous qu’avant d’être des adultes, nous avons été enfants, et que nous avons dû nous plier aux exigences des adultes qui exerçaient bien souvent sur nous une autorité descendante. Nous n’en sommes pas morts, entend-t-on souvent ? Certes, mais quelles conséquences sur notre capacité à nous faire confiance, à faire confiance aux autres et aux enfants ?

Que souhaitons nous privilégier ? Le résultat ou la relation ?
Se poser régulièrement cette question lorsque nous faisons face à une situation conflictuelle permet souvent de dédramatiser et de faire retomber la pression. Est-ce que privilégier la qualité de la relation signifie lâcher les attentes sur le résultat ? Pas forcément, cela permet surtout de reprendre de la hauteur, et d’observer la situation, d’envisager d’autres solutions pour aborder le problème. Éviter le conflit ou la frustration n’est pas l’objectif à atteindre. L’objectif est d’arriver à lâcher prise sereinement si nous le décidons, ou à accueillir la décharge émotionnelle naturelle de l’enfant, liée à la frustration, sans la juger. Apporter un cadre sécurisant à l’enfant, c’est poser des limites qui prennent racine dans la confiance et non dans la peur.
L’écueil des sanctions, punitions, récompenses , c’est de décentrer la motivation de l’enfant. L’enfant est davantage mobilisé par les conséquences agréables ou désagréables liées au principe de récompenses / punitions, que par la motivation à réaliser la tâche elle-même. Ce système de motivation entraine les enfants à se conformer à des exigences sans forcément en comprendre le sens.