Les vacances, c’est la liberté et l’insouciance pour les enfants, on lâche un peu du lest, le rythme est plus cool, il n’y pas autant de contraintes horaires, les parents sont souvent plus détendus. La vie semble légère et plus alignée avec nos rythmes naturels …
Puis la rentrée arrive avec son lot de réjouissances et son cortège d’obligations qui génèrent forcément de l’excitation mêlée d’appréhension. L’appréhension peut être pour certains enfants de se retrouver à nouveau dans l’inconfort, face à leurs difficultés scolaires, et tout un tas de questions qui trottent dans la tête, qui sont exprimées ou ruminées silencieusement …” Est ce que je vais être à la hauteur de ce que l’on me demande, de ce que l’on semble attendre de moi ? Est-ce que je vais être fier de moi ou me sentir à nouveau inférieur aux autres ? Est-ce que je vais réussir à m’accrocher ou je n’essaie même pas de toutes façons, c’est peine perdu, je me sens nul…”
La peur de l’échec
L’échec nous conduit à des situations imprévues et inconfortables, aux conséquences que nous ne savons pas toujours gérer. La peur de l’échec est donc une réaction spontanée que nous éprouvons tous, avec laquelle nous avons plus ou moins réussi à négocier !
Notre société met traditionnellement en valeur les réussites, tandis que les échecs et les difficultés sont souvent tues ou minimisés. Les réseaux sociaux, la presse, sont les vitrines devant lesquelles on s’attarde, présentant les succès, les bonheurs, des versions idéalisées de la vie qui ne montrent pas l’arrière-boutique.
Cette culture de la réussite crée une pression constante que l’on reporte avec plus ou moins de conscience, sans toujours se rendre compte
des conséquences sur nos enfants. L’échec parait encore plus effrayant si, sont adossées à la réussite, les notions de performance et de compétition.
La pression sociale impacte directement notre confiance en nous, nous ne voulons pas être perçu comme incapable ou incompétent aux yeux des autres, quelques soit les cercles : famille, amis, travail. Nous ne voulons pas ressentir ces sentiments de gêne ou de honte qui blessent notre estime de soi.
En grandissant, certains développent un perfectionnisme qui peut empêcher de voir l’échec comme une étape normale, entravés par leurs croyances et leurs exigences au point de se sentir incapable de faire. Ce perfectionnisme a pu être nourri par des situations ou des expériences menées par le passé, qui ont reçues des critiques ou des punitions au goût amer.
Ces déceptions ou douleurs peuvent créer une peur durable de l’échec. Toute nouvelle tentative s’accompagne alors d’anxiété, doublée d’un fort besoin de validation extérieur. Si ce que je fais n’est pas reconnu par l’autre alors ça n’a pas de valeur. Il est très difficile de se construire une bonne image de soi, si notre perception de nous-même dépend exclusivement du regard de l’autre. Si j’échoue, je ne vaux rien, et je suis moins aimable.
La peur de l’échec engendre des comportements de fuite en avant qui peuvent faire boule de neige. Elle génère des stratégies d’évitement pour supprimer la confrontation avec soi-même, ou avec les autres, comme la peur de se décevoir, ou de décevoir. La tentation est grande de contourner les situations qui mettent en difficulté, ou les prises de risque qui mèneraient à un constat d’échec.
Cela se traduit de différentes manières
- par une attitude de réserve, perte de motivation, démobilisation, attentisme, découragement, tristesse, déni, stress, fatigue, incapacité à sortir de sa zone de confort, donc à progresser, etc.
- par un comportement perturbateur, provocation, non-respect des règles, agressivité qui viserait à détourner l’attention de la vrai difficulté, la peur de l’échec.
Pourquoi certains enfants sont rapidement confrontés à des situations où ils se retrouvent en échec scolaire ?
Les causes sont multiples et peuvent être d’ordre cognitifs, psychologiques, émotionnels, familiaux, culturels etc… Se pencher sur ces différents facteurs permet d’apporter des éclairages sur leurs difficultés qui ne sont pas des fatalités si nous les accompagnons dans leur parcours scolaire.
Voici quelques pistes :
- Observer l’enfant permet de mieux comprendre son fonctionnement.
- Comprendre comment fonctionne notre cerveau permet non seulement aux enfants d’apprendre à mieux l’utiliser, et permet également aux adultes d’acquérir une meilleure posture pour les accompagner.
- Outiller les enfants de méthodes efficaces et adaptées à leurs besoins
- Ouvrir grand ses oreilles et créer la confiance avec une écoute attentive sans jugement qui permet d’accueillir les différentes émotions.
- Partager avec l’enfant ses observations en s’appuyant sur des exemples précis
- Co-construire avec lui des solutions et l’aider à les mettre en place.
- Adopter une démarche de chercheur. Donner du temps pour tester et expérimenter les solutions imaginées.
- Faire confiance et rassurer l’enfant, le test n’est pas concluant ? Très bien, qu‘est ce qui n’a pas marché ? Pourquoi ça n’a pas marché ? Co-construire de nouvelles solutions et relancer une phase de test.
En travaillant main dans la main avec l’enfant, avec patience et confiance, il comprend qu’il peut prendre le temps, pour intégrer grâce à ses échecs, des solutions pérennes qui vont l’aider à progresser et à construire des bases solides. Le résultat à court terme peut sembler insatisfaisant, il n’est qu’un indicateur qui le rapproche de l’étape suivante. Ce qui compte, c’est de lui apprendre que c’est par l’expérimentation que l’on construit la confiance en soi et que l’on peut mesurer ses progrès.
La confiance en soi ne se décrète pas, elle prend forme au fur et à mesure des expériences que l’on mène. Le résultat n’est pas une fin en soi, ni le plus important, il n’est qu’une étape dans le processus d’apprentissage. A chacun sa méthode, son tempo, ses réussites, ses défis.
Comment redonner de l’espoir à un enfant qui cède au découragement, se sentant couler alors qu’il aimerait nager avec les autres ?
Ne pas hésiter à utiliser l’effet Pygmalion ; pour mémoire, il s’agit d’un phénomène psychologique qui consiste à projeter sur l’autre des croyances positives qui vont de fait l’aider à décupler son potentiel.
L’effet Pygmalion a été confirmé dans une étude qui date de 1968 par les psychologues Robert Rosenthal et Lenore Jacobson. Ils ont réalisé une expérience dans une école primaire, où ils ont annoncé aux enseignants que certains élèves avaient des capacités intellectuelles supérieures, selon un test (en réalité, ce n’était pas vrai). À la fin de l’année scolaire, ces élèves ont effectivement montré des progrès significatifs, simplement parce que les enseignants avaient des attentes plus élevées à leur égard, ce qui a influencé leur comportement et leur attention envers ces élèves.
Un adulte qui accorde à un enfant de l’attention, des encouragements, et des défis intellectuels peut modifier le comportement de l’enfant qui va capter ses signaux positifs et se sentir ainsi valorisé et encouragé. Ce renforcement positif peut le motiver à redoubler ses efforts se sentant soutenu et capable, il développe sa confiance en lui, sa capacité à prendre des initiatives. C’est ainsi qu’il développe son autonomie.
Au final, les progrès sont visibles, non pas parce que l’enfant avait intrinsèquement un potentiel supérieur, mais parce qu’il a été influencé positivement par des adultes soutenants.
C’est pourquoi l’engagement de tous les acteurs impliqués dans l’éducation de l’enfant est essentiel. Pour faciliter la mise en place de stratégies qui réduisent les risques de décrochage, il faut encourager la collaboration entre l’école, la famille, les professionnels de soutien à la scolarité afin de fédérer un réseau solide et solidaire autour de l’élève. Les élèves qui bénéficient d’un soutien adapté ont plus de chances de réussir leurs études et de développer une attitude positive envers l’apprentissage.
L’échec vue comme une opportunité de grandir
Les mentalités évoluent. La curiosité n’est plus un vilain défaut mais l’occasion d’expérimenter, de tester, et de voir ainsi les erreurs non pas comme des échecs, mais plutôt comme des opportunités d’apprendre et de découvrir quelque chose de nouveau. De nombreuses innovations sont le fruits de suite d’erreurs, il est courant de rappeler que c’est le cas par exemple du post-it, de la tarte tatin, de la pénicilline, du coca cola etc … Partager ces exemples concrets aux enfants permet de dédramatiser l’ erreur à leurs yeux et aux yeux des autres. L’erreur devient un problème à partir du moment où elle est pointée sous forme de reproche, et non valorisée comme un gage d’audace et d’expérience.
Les artistes reconnus, les sportifs au plus gros palmarès, les scientifiques ont tous traversé des phases d’abattement, ont été submergés par la colère, ont vécu des humiliations. Ils se sont nourris de toutes ces étapes pour renforcer leur volonté, accroitre leur ténacité, aiguiser leur empathie, enrichir leurs connaissances, développer une forme de sagesse, ou accepter de lâcher pour laisser place à autre chose.
C’est un peu plus facile d’utiliser ses échecs comme marche pied, quand une main est tendue pour nous aider à grandir.
Lire, creuser, chercher : devenir des adultes curieux face à cette notion de l’échec
Face à l’échec de nos bambins, ils peut nous arriver d’adopter la politique de l’autruche, car si nos échecs nous font peur, ceux de nos enfants nous terrorisent parfois.
Chez CréaDop, notre devise est : « Ça fait peur ? Alors prenons le sujet à bras le corps et précisons les contours du problème ! ». Ce que nous n’éclairons pas reste une petite boule de stress qui ne nous aide pas : « les zones floues sont génératrices d’angoisse ».
Pour démystifier l’échec, se rassurer et pouvoir changer nos attitudes face à l’échec, lire sur le sujet peut aider. Par exemple dans « Les vertus de l’échec » Charles Pépin nous montre comment chaque épreuve, parce qu’elle nous confronte au réel ou à notre désir profond, peut nous rendre plus lucide, plus combatif, plus vivant. Vous y trouverez des exemples concrets qui montrent que réussir, c’est aussi passer par une série d’échecs, d’essais-erreurs. Et que ne jamais échouer, ne permet pas toujours d’aller au bout de ses ambitions. Ce livre est parfois utilisé dans le coaching sportif, car au-delà des performances physiques, il faut acquérir un mental qui permet de croire en sa propre réussite.
S’ouvrir à une autre façon de voir les choses en farfouillant dans les nombreuses ressources traitant du sujet. Ainsi au grès de vos recherches, vous rencontrerez forcément une phrase, un mot, une notion qui vous permettra de défaire des nœuds. En équipe, on nomme ça « nos petites perles ».
Comme, par exemple, découvrir les 4 phases d’apprentissage de Maslow : un outil pour comprendre comment nous progressons, et donc comment aider nos enfants à progresser.
Ces 4 phases, ou étapes sont assez simples.
- L’incompétence inconsciente : Je ne sais pas que je ne sais pas, puisque je n’ai pas encore rencontré cette notion
- L’incompétence consciente : Je sais que je ne sais pas, parce qu’au moment où je croise cette notion, je découvre quelque chose de nouveau
- La compétence consciente : Je sais que je sais, car j’ai appris, je me suis entrainé à savoir-faire et à retenir.
- La compétence inconsciente : Je ne sais plus que je sais, à force de pratiquer, nous le faisons de façon inconsciente ou automatique. Vous ne réfléchissez plus à comment marcher, vous pouvez marcher tout en pensant à autre chose.
Prendre conscience de l’existence de ces 4 phases permet de garder patience face au rythme d’apprentissage. Non seulement pour les enfants : chaque étape est importante, il faut laisser du temps au temps pour que chacune de ces phases soit aboutie. Mais également pour nous, les adultes qui les accompagnons : observer à quelle étape notre enfant est, ne pas brûler les étapes, lui laisser le temps d’acquérir son aisance pour passer à une autre notion.
Ce qui peut plonger certains enfants dans l’échec scolaire, c’est qu’ils ont à peine le temps d’assumer, voire d’aborder la 3éme phase, qu’ils se retrouvent à nouveau dans la 2éme phase sur un autre sujet. Rester en permanence dans le « je sais que je ne sais pas » est une source de stress qui peut entraver sérieusement leurs capacités à apprendre.
Et sans être en décrochage, avec le rythme scolaire parfois dense, ils sont assez nombreux à ne pas avoir le temps d’entrer dans la 4éme phase « je ne sais plus que je sais ». La notion restée au stade 3 sera revue plusieurs mois plus tard dans le but d’être consolidée, mais elle sera probablement devenue un vague souvenir. Trop de nouvelles notions ont été abordées entre temps.
C’est pour cela aussi qu’il faut accorder du temps pour faire des rappels réguliers afin de consolider de façon durable des notions qui seront utilisées plus tard et affinées pour un apprentissage plus approfondi.
Rapidement vos enfants ne se demandent plus si une carotte s’appelle « carotte », par contre ils auront peut-être du mal à se souvenir comment ça s’écrit : 2 R ? 2 T ? Automatiser, par exemple, l’orthographe des mots pour faciliter l’écriture et les dictées, va rendre indubitablement service 😊 aux enfants.
C’est parce que cette dernière phase est tout aussi importante que la précédente, que nous avons développé l’outil Eleph’Ant, le jeu qui consolide la mémorisation à long terme avec un rythme de révision qui prend en compte les 4 phases d’apprentissage.